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      La Phytothérapie - quelques pistes de réflexion

      (Vitalité Québec, décembre 1999/janvier 2000)

      Phytothérapie et science

      La simplicité des plantes est souvent déconcertante (ne les appelons-nous pas les simples ?).  Cette qualité nous porte souvent à conclure qu’elles ne sont pas efficaces.

      Malgré cette perception très répandue chez certains praticiens (l’auteur a déjà été du nombre), nous ne pouvons sous-estimer ces outils thérapeutiques dans le contexte d’une approche globale et rationnelle de la santé.  L’approche orthomoléculaire, qui utilise des suppléments de vitamines et minéraux, nous offre au plus une quarantaine de substances avec lesquelles intervenir.  Par contre, le nombre de substances naturelles ayant un effet bénéfique sur l’être humain, qui sont présentes dans les plantes est, pour le moins, étonnant1.  D’après le Dr. James Duke, directeur des recherches sur la santé humaine du département américain de l’agriculture (USDA), les agents phytochimiques dont l’action sur l’être humain est positive totaliseraient environ 80 000!

      De plus, le nombre d’études scientifiques récentes, in vitro et in vivo, validant l’efficacité de la phytothérapie est énorme.  La base de données MEDLINE, de la Harvard Medical School, nous donne 46 études sur l’éleuthérocoque entre 1976 et 19861.  Le nombre total d’études scientifiques disponibles pour cette plante est de 2561!  Les monographies du gouvernement allemand citent au-delà de 35 000 études officielles entreprises sur les plantes en tant que remèdes.  Aujourd’hui, plusieurs pays modernes reconnaissent la phytothérapie à l’intérieur de leur pharmacopée officielle.  Notons, entre autres, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et le Japon.  Le gouvernement allemand a réalisé de sérieuses études sur les plantes et publié des monographies dans lesquelles sont répertoriés leurs agents phytoactifs, leur toxicité, leur mode d’action, leur utilisation courante et traditionnelle, leurs solvants, etc…  En Grande-Bretagne, deux publications sont officiellement reconnues, le British Herbal Compendium et le British Herbal Pharmacopea.

      Science et tradition phytothérapeutique

      Malgré les études scientifiques de haute qualité qui sont maintenant disponibles pour valider l’utilisation de plantes comme outils thérapeutiques, il faut éviter deux excès.  Dans un premier temps, il ne faut pas considérer les plantes comme des substances naturelles et sans danger.  Ce sont des drogues crues, des remèdes avec des activités et des effets pharmacologiques.

      Nier ou minimiser l’impact potentiellement nocif de certains composés phytochimiques peut conduire à des situations qui minent l’une des bases de la naturopathie :  Primum non nocere :  Avant tout ne pas nuire.  C’est ici que la science de la pharmacognosie peut être d’une utilité surprenante.  Celle-ci a permis de catégoriser les différentes substances phytopharmacologiques par leur structure chimique et a ainsi aidé à évaluer leur toxicité et leur activité1.

      Dans un deuxième temps, il ne faut pas croire que les plantes qui n’ont pas été validées scientifiquement sont sans valeur.  N’oublions pas que les recommandations naturopathiques ne commencent qu’à être validées par des études qui démontrent les bienfaits du végétarisme, de la consommation de fibres alimentaires, etc…

      Il est important de se rappeler que des centaines de plantes qui étaient utilisées à l’intérieur d’une pharmacopée indigène ont été justifiées scientifiquement quelques 1000 ans après que les premières pharmacopées ont été écrites.  Ainsi, il y a près de 2200 années, les Chinois soulignaient l’utilisation de la plante Ma Huang (Ephedra sinica) comme bronchodilatateur.  Ce n’est que près de 2000 ans plus tard que les chimistes ont isolé une substance adrénergique de cette plante, l’éphédrine.

      Les amérindiens Sioux (Lacotas) utilisaient l’échinacée pour traiter les individus mordus par des serpents.  Des études allemandes ont démontré que l’un des groupes de substances actives de l’échinacée, les échinacosides, neutralise l’enzyme du venin de serpent qui est considérée comme la substance la plus toxique, l’échinase2.  (La nomenclature scientifique ayant changée, le mot approprié serait hyaluronidase.)

      Il faut donc considérer l’expérience clinique de plusieurs générations de phytothérapeutes comme ayant de la valeur.  Évitons de se fier exclusivement à ce qui est «prouvé» par les études, tout en utilisant ces dernières pour nous aider à comprendre le modus operandi de la plante.

      Toxicité et sécurité de la phytothérapie

      L’un des problèmes qui se pose à nous est de déterminer si les dangers inhérents à l’utilisation de certaines plantes contrecarrent leur utilité clinique.  «Cette plante fait-elle plus de tort que de bien?», voilà la question que nous devons nous poser avant tout.  Malgré ce qui a été dit plus haut sur la possibilité de toxicité des plantes, il faut remarquer que dans la plupart des cas, leur toxicité relative est minime.  À ce sujet, se référer au tableau à la fin du texte.

      Si nous comparons, par exemple, la marge de sécurité de certaines plantes communément utilisées en phytothérapie avec certains nutriments isolés, nous découvrons que celle des premières est souvent considérablement plus grande que celle des nutriments isolés.  La vitamine E, par exemple, est thérapeutiquement utile à des doses de 100 UI ou plus, et sa posologie moyenne est de 400 UI par jour.  Par contre, cette vitamine cause des effets secondaires à des doses de plus de 800 UI2.  Cela nous donne une marge de 700 UI, ou sept fois la dose thérapeutique minimale.  Par ailleurs, la vitamine C peut causer des symptômes aigus à partir de 1000 mg3.  Elle est considérée comme ayant une activité thérapeutique à partir de 100 mg; nous avons donc ici une marge de 900 mg ou neuf fois la dose minimale.  De même, la vitamine B3 (sous forme de niacine) peut causer des effets secondaires à partir de 100 mg.  Sous forme de niacinamide, c’est plutôt à partir de 250 mg4.  En considérant que la vitamine B3, sous l’une ou l’autre forme, a une activité thérapeutique à partir d’environ 10 mg, cela nous donne une marge de 90 mg dans le cas de la niacine et de 240 mg dans celui de la niacinamide.  Nous avons donc là une marge de neuf fois la dose minimale dans le cas de la niacine.

      Pour ce qui est de l’échinacée, la dose thérapeutique peut être aussi basse que 250 mg, tandis que la dose causant des effets secondaires est au-delà de 3000 mg, ce qui laisse une marge de sécurité de 2750 mg.  Le chardon Marie, pour sa part, protège les cellules hépatiques à partir de 100 mg.  Des effets secondaires se manifestent à environ 5000 mg.  La marge de sécurité est donc de 4900 mg, ou quarante-neuf fois la dose minimale !

      Le but ici n’est pas de minimiser la toxicité de certaines plantes, ou de faire croire que les plantes sont absolument sécuritaires en tout temps.  Mon intention n’est pas, non plus, de décourager l’utilisation rationnelle d’éléments nutritifs isolés.  Il faut néanmoins réaliser deux choses.  Premièrement, il n’y a aucune substance, naturelle ou artificielle, qui soit sans effet secondaire possible; c’est une question de quantité.  Deuxièmement, en connaissant bien les limites des outils phytothérapeutiques utilisés, et en les utilisant avec une grande marge de sécurité, nous pouvons éviter tout effet secondaire indésirable, tout en assurant un maximum d’efficacité.

      Terminons avec quelques citations sur la sécurité relative des remèdes à base de plantes5 :

      «Basés sur les rapports écrits, les effets secondaires ou réactions toxiques associés aux remèdes à base de plantes, sous toutes les formes, sont rares.»

      «Il n’est jamais possible d’éviter des réactions allergiques, néanmoins, celles-ci sont rares.  Par exemple, il se vend environ 10 millions d’unités de psyllium par année aux États-Unis, et il n’y a eu que 50 cas de réactions allergiques rapportés!  Il se consomme des milliers de kilos de camomille par année or, il n’y a que 4-5 cas de toxicité de rapportés dans la littérature… le dernier en 1973.»

      «Il est possible que la plus grande cause de «toxicité» dans le domaine de la phytothérapie nous vienne d’étiquettes trompeuses.  En 1978, la FDA (Food and Drug Administration) a accusé la bardane d’avoir été la cause d’un empoisonnement alimentaire.  Ce n’est que plusieurs mois plus tard que les autorités ont découvert que le produit contenait en réalité de la belladone!  Dans un autre cas, un remède anti-inflammatoire chinois à base de plantes a été accusé d’avoir causé une variété de symptômes.  Lorsqu’analysé, il a été révélé que le produit avait été «fortifié» avec des remèdes anti-inflammatoires synthétiques.  Dans les cas de produits ayurvédiques et chinois traditionnels, il n’est pas rare de trouver de hauts niveaux de plomb, de cadmium, de mercure, d’arsenic ou d’or.  Un comprimé du genre contenait 6% (7,5 mg) de plomb, un autre contenait 70% de mercure.»

      «Certaines plantes peuvent être contaminées avec des micro-organismes, ou des excréments.  Ces situations alarmantes nous forcent à augmenter nos contrôles de qualité, nos analyses microbiologiques et notre identification de la plante, et non pas à bannir la plante.»

      «D’ailleurs, de toutes les classes de substances qui ont la possibilité de causer des effets secondaires toxiques d’une magnitude suffisante pour être rapportés aux États-Unis, les plantes offrent le moins de problèmes.»

      Conclusion

      Le nouveau siècle peut être une période extraordinaire pour modifier notre approche des problèmes de santé.  Pour des problèmes bénins ou chroniques – ceux qui ne nécessitent pas une intervention médicale d’urgence – la phytothérapie peut s’avérer, avec les modifications alimentaires appropriées, une alliée efficace et sécuritaire.

      Tableau comparatif des empoisonnements rapportés aux centres de contrôle des poisons avec des substances chimiques versus des plantes5

      CatégoriesFatalsMajeurs
      Médicaments antidépresseurs1401315
      Médicaments analgésiques126705
      Médicaments sédatifs781020
      Médicaments pour le cœur (variés)70286
      Stimulants légaux et illégaux64276
      Gaz et vapeurs46129
      Produits de nettoyage domestiques24173
      Pesticides12111
      Plantes (toutes)1*32


      *Ce seul décès était dû à la très forte réaction anaphylactique d’un enfant allergique qui a été en contact avec la plante allergène.

      Références

      1 Notons, entre autres, les textes suivants:  Varro E. Tyler, Lynn R. Brady et James E. Robbers, Pharmacognosie, 1988, et W.C. Evans, Trease & Evans’ Pharmacognosie, 1989.

      2 Voir J. Pizzorno et M. Murray, Textbook of Natural Medicine, John Bastyr College Press, 1985.

      3Ibid.

      4Ibid.

      5 Tiré du rapport de T.L. Litovitz et al., «American Association of Poison Control Centers National Data Collection System», Am. J. Emergency Med., Sept. 1990.