Vous utilisez un navigateur non supporté.

S'il vous plaît installer la dernière version de l'un de ces navigateurs.

Ignorer
[navByCategory]
CPanier
G

    Livraison

    Options d'envoi

      Facturation

      La carte de crédit se terminant par

      Votre commande

      Nous ne pouvons pas traiter votre paiement.

      S'il vous plaît vérifier vos informations de facturation et essayez de nouveau.

      Nous vous remercions de votre commande!

      Fermer le panier

      La Phytothérapie - toxicité et sécurité

      (Vitalité Québec, octobre 2000)

      Depuis quelques mois, et surtout depuis que le gouvernement a déclaré vouloir offrir un statut particulier aux remèdes naturels, nous constatons un accroissement d’information dans les médias, qui suggèrent qu’il y a un grand danger à consommer des produits naturels.  Ce sont d’ailleurs les plantes qui sont le plus particulièrement visées.  J’aimerais donc, dans cette rubrique, aborder la question.

      L’un des problèmes qui se pose au praticien de la santé, tout comme à l’utilisateur de plantes, est de déterminer si les dangers inhérents à l’utilisation de certaines plantes contrecarrent leur utilité clinique.  Cette plante fait-elle plus de tort que de bien?  Voilà la question que nous devons nous poser avant tout.  Non nocere :  Ne pas nuire.  C’est d’ailleurs la même chose en médecine conventionnelle, où l’on rationalise l’utilisation de certains médicaments toxiques en arguant que de ne pas prendre le médicament aura des effets encore plus nocifs.  Néanmoins, il faut remarquer que dans la plupart des cas, les plantes ont une toxicité relative et minime.  À ce sujet, se référer au tableau à la fin de cet article.

      Si nous comparons, par exemple, la marge de sécurité de certaines plantes communément utilisées en phytothérapie avec certains nutriments isolés, nous découvrons que les premières ont souvent une marge de sécurité considérablement plus large que les nutriments isolés.  Ainsi, la Vitamine E est thérapeutiquement utile à des doses de 100 UI ou plus, la posologie moyenne étant, elle, de 400 UI par jour.  Par contre, cette vitamine cause des effets secondaires à des doses de plus de 1200 UI.  Cela nous donne une marge de 1100 UI, ou 11 fois la dose thérapeutique minimale.  La vitamine C, pour sa part, peut causer des symptômes aigus à partir de 5000 mg.  Elle est considérée comme ayant une activité thérapeutique à partir de 100 mg; nous avons donc ici une marge de 4900 mg ou 49 fois la dose minimale.  De même, la vitamine B3 (sous forme de niacine) peut causer des effets secondaires à partir de 100 mg.  Sous forme de niacinamide, ce sera à partir de 600 mg.  En considérant que la vitamine B3, sous l’une ou l’autre forme, a une activité thérapeutique à partir d’environ 10 mg, cela nous donne une marge de 90 mg dans le cas de la niacine et de 590 mg dans celui de la niacinamide.  Nous avons donc là une marge de 9 fois la dose minimale dans le cas de la niacine.  Il faut noter que des médicaments en vente libre ont pour la plupart une marge de sécurité beaucoup plus étroite que ces vitamines.

      Dans le cas de l’échinacée, la dose thérapeutique peut être aussi basse que 250 mg, tandis que la dose causant des effets secondaires est au-delà de 3000 mg, soit une marge de sécurité de 2750 mg.  Le chardon Marie protège les cellules hépatiques à partir de 100 mg.  Des effets secondaires se manifestent à environ 5000 mg.  Sa marge de sécurité est donc de 4900 mg, ou 49 fois la dose minimale!

      Le but ici n’est pas de minimiser la toxicité de certaines plantes ou de faire croire que les plantes sont absolument sécuritaires en tout temps.  Notre intention n’est pas, non plus, de décourager l’utilisation rationnelle d’éléments nutritifs isolés.  Il faut néanmoins réaliser deux choses.  Premièrement, qu’il n’y a aucune substance, naturelle ou artificielle, qui soit sans effet secondaire possible;  tout est question de quantité.  Deuxièmement, en connaissant bien les limites des outils phytothérapeutiques utilisés, et en les utilisant avec une grande marge de sécurité, nous pouvons éviter tout effet secondaire indésirable, tout en assurant un maximum d’efficacité.

      Permettez-moi de terminer cet article avec quelques citations intéressantes extraites de l’article du Dr. Norman Farnsworth.  («Relative Safety of Herbal Medicinals», dans HerbalGram, printemps-automne 1993).  Elles ont été écrites lorsque Farnsworth était professeur de pharmacognosie à l’École de pharmacie de l’Université de Chicago et directeur de recherches du programme de recherches sur les plantes de l’Organisation mondiale de la santé.

      «Basés sur les rapports écrits, les effets secondaires ou réactions toxiques associés aux remèdes à base de plantes, sous toutes les formes, sont rares.»

      «Il n’est jamais possible d’éviter des réactions allergiques, néanmoins, celles-ci sont rares.  Par exemple, il se vend environ 10 millions d’unités de psyllium par année aux États-Unis, et il n’y a eu que 50 cas de réactions allergiques rapportés!  Il se consomme des milliers de kilos de camomille par année or, il n’y a que 4-5 cas de toxicité de rapportés dans la littérature… le dernier en 1973.»

      «Il est possible que la plus grande cause de «toxicité» dans le domaine de la phytothérapie nous vienne d’étiquettes trompeuses.  En 1978, la FDA (Food and Drug Administration) a accusé la bardane d’avoir été la cause d’un empoisonnement alimentaire.  Ce n’est que plusieurs mois plus tard que les autorités ont découvert que le produit contenait en réalité de la belladone!  Dans un autre cas, un remède anti-inflammatoire chinois à base de plantes a été accusé d’avoir causé une variété de symptômes.  Lorsqu’analysé, il a été révélé que le produit avait été «fortifié» avec des remèdes anti-inflammatoires synthétiques.  Dans le cas de produits ayurvédiques et chinois traditionnels, il n’est pas rare de trouver de haut niveaux de plomb, de cadmium, de mercure, d’arsenic ou d’or.  Un comprimé du genre contenait 6% (7,5 mg) de plomb, un autre contenait 70% de mercure.»

      «Certaines plantes peuvent être contaminées avec des micro-organismes ou des excréments.  Ces situations alarmantes nous forcent à augmenter nos contrôles de la qualité, nos analyses microbiologiques et notre identification de la plante, et non pas à bannir la plante.»

      «D’ailleurs, de toutes les classes de substances qui ont la possibilité de causer des effets secondaires toxiques d’une magnitude suffisante pour être rapportés aux États-Unis, les plantes offrent le moins de problèmes.»

      Les plantes, je le rappelle, ne sont pas des bonbons.  Elles doivent être prises avec discernement, en s’assurant, entre autres, qu’elles n’auront pas d’interaction avec certains médicaments.  Durant la grossesse et l’allaitement, les femmes doivent être particulièrement prudentes lorsqu’il s’agit de recourir à des plantes thérapeutiques.  Il y a des dizaines de plantes qui peuvent être utiles durant la grossesse, mais il y en a des centaines qui peuvent être nuisibles.  Au Canada, d’ailleurs, les compagnies de produits naturels responsables impriment un avertissement à ce sujet sur leurs étiquettes.

      Il est temps d’avoir une position équilibrée en ce qui concerne la phytothérapie.  Évitons la position simpliste qui suggère que parce qu’elles sont naturelles, les plantes ne peuvent faire de tort.  Mais de grâce, évitons aussi de partir en peur et d’apeurer les consommateurs en suggérant que les remèdes à base de plantes sont dangereux.

      Tableau comparatif des empoisonnements rapportés aux centres de contrôle des poisons avec des substances chimiques vs des plantes

      CatégoriesFatalsMajeurs
      Médicaments antidépresseurs1401315
      Médicaments analgésiques126705
      Médicaments sédatifs781020
      Médicaments pour le cœur (variés)70286
      Stimulants légaux et illégaux64276
      Gaz et vapeurs46129
      Produits de nettoyage domestiques24173
      Pesticides12111
      Plantes (toutes)132

      Tableau tiré du rapport de T.L. Litovitz et al., «American Association of Poison Control Centers National Data Collection System», Am. J. Emergency Med., Sept. 1990.