Nutrition et maladies neurodégénératives - 2è partie
Daniel-J. CRISAFI, ND.A., MH, PhD
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, les maladies dégénératives ont une composante génétique qui a, malgré ce que l’on nous dit parfois, un effet négligeable sur le développement de ces maladies. Nous avons aussi vu que la nutrition a un effet considérablement plus grand lorsqu’il s’agit de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Dans cette deuxième partie, j’aimerais aborder trois sujets qui jouent aussi un rôle dans le développement ou l’aggravation de ces maladies. Il sera donc question d’eau, de polluants environnementaux et d’exercice.
Eau
L’on définit généralement un élément nutritif comme étant une substance qui est absolument nécessaire à la vie que nous ne produisons pas et que nous devons donc consommer ou absorber de façon régulière. Selon cette définition, l’eau est donc un élément nutritif. Cet élément nutritif est tout aussi important que les vitamines et les minéraux dont il a été question dans la première partie de cet article. En effet, le manque d’eau ou la déshydratation a un effet important sur le développement de la maladie d’Alzheimer aussi bien que sur celle de la maladie de Parkinson.
Nous savons depuis plusieurs années que la déshydratation peut affecter la fonction cognitive. En effet, des études en gériatrie ont démontré que la déshydratation, même relative, peut causer une baisse dans la capacité de compréhension et d’expression ainsi que dans la mémoire des individus âgés1. Une étude a démontré que les changements dans la structure du cerveau causé par la déshydratation sont les mêmes que ceux qui sont présents dans la maladie d’Alzheimer.2
N’oublions pas que le cerveau est composé d’environ 75 % d’eau. C’est dire l’importance de l’eau pour la santé du système nerveux central. En effet, l’eau agit pour protéger les cellules cérébrales, mais elle a aussi un rôle à jouer dans l’équilibre électrique du cerveau, dans ses transmissions électriques. L’eau a, au niveau cérébral, les mêmes fonctions qu’elle a ailleurs dans le corps. L’eau est essentielle dans la régulation de la température du corps incluant celle du cerveau. Elle est un solvant qui permet la décomposition, la dilution, oui l’élimination de déchets organiques. Elle est nécessaire au transport de nutriments (vitamines, minéraux, protéines) et d’oxygène jusqu’aux cellules.
Il faut alors considérer la déshydratation comme un facteur important dans le développement ou l’aggravation de maladies neurodégénératives. Il faut essayer, à titre préventif tout au moins, de s’assurer de consommer suffisamment de liquides pour s’hydrater et d’éviter les diurétiques. Malheureusement, lorsqu’il est question de déshydratation, médicalement parlant en tous les cas, nous nous attardons à la déshydratation aiguë ou chronique. En naturopathie par contre nous savons que la déshydratation sous-clinique est une forme de déshydratation qui peut avoir un effet néfaste pour la santé. Il est important alors d’éviter ou de réduire la consommation de diurétiques tels que le café et l’alcool, et de s’assurer un apport d’au moins 1,5 à 2 litres d’eau pure par jour. Je vous réfère à mon article de l’édition d’octobre 2017 de Vitalité Québec pour avoir plus d’information sur l’importance de l’eau.
Environnement
L’un des facteurs les mieux documentés et néanmoins le moins bien compris lorsqu’il est question de maladies neurodégénératives est le rôle de substances toxiques, de polluants. En effet, un nombre croissant d’études associe les maladies neurodégénératives à l’accumulation de diverses substances toxiques au niveau du cerveau. Des chercheurs avaient suggéré l’association entre l’accumulation d’aluminium dans les tissus cérébraux et la maladie d’Alzheimer aussi tôt qu’au début des années 70. Malheureusement, et faute de preuves « irréfutables », cette hypothèse a graduellement été mise de côté par la majorité des chercheurs. En 2010 des chercheurs ont néanmoins élucidé le mécanisme par lequel l’aluminium peut causer la maladie d’Alzheimer. En effet, ces chercheurs de l’Université de Kentucky ont pu démontrer que l’aluminium augmente la production et la déposition de la petite β-amyloide, cause reconnue de cette maladie.3 Malgré cela, certains chercheurs ont continué à décrier cet effet de l’aluminium sur le cerveau.4 Néanmoins, de nouvelles études ont repris cet hypothèse avec force. En effet, en 2017 des chercheurs britanniques ont pu constater une concentration importante d’aluminium au niveau cérébral chez tous les patients Alzheimer qu’ils ont testés.5
L’aluminium n’est qu’une des substances toxiques environnementales qui joue un rôle au niveau du développement de ces maladies dégénératives. En effet, des études sérieuses ont associé une pléthore de polluants environnementaux au développement de maladies neurodégénératives.6 Les « polluants » les mieux étudiés incluent les métaux (aluminium, l’arsenic, le cadmium, le mercure et le plomb) les pesticides, les solvants et les nanoparticules.7
Puisque ces polluants environnementaux sont présents partout, on peut se poser la question à savoir pourquoi certains individus développent ces maladies tandis que d’autres semblent en être protégés. Sans vouloir sur simplifier un sujet difficile, j’aimerais offrir un certain nombre d’indices. Premièrement, même s’ils sont peu nombreux statistiquement, les personnes ayant les gênes prédisposants sont évidement plus à risque. Deuxièmement, des études ont démontré que certains individus naissent avec une moins grande capacité pour détoxifier ces substances.8 Finalement, la consommation d’aliments ou de suppléments qui contiennent des substances qui neutralisent ces polluants réduit les risques de dommages neurologiques9,10. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les antioxydants.11
Les points à retenir ici sont les suivants. Premièrement, réduire autant que possible son fardeau de polluants en choisissant judicieusement la provenance de ses aliments ainsi que la qualité des breuvages consommés. Préférez les aliments de culture biologique autant que possible. Évitez aussi, autant que possible, l’utilisation de produits domestiques ou de soins du corps « chimiques » qui peuvent contenir des substances pouvant affecter le cerveau. Finalement, assurez-vous d’une alimentation saine, regorgeant en antioxydants, et pensez à utiliser des suppléments antioxydants à titre préventif. Dans certains cas, il serait utile de faire vérifier les niveaux de contamination de métaux avec une analyse de cheveux. Cela est surtout vrai surtout chez les personnes à risque en fonction de leur travail ou leur environnement domicilier ou chez celles qui commencent à développer des symptômes neurologiques.
Exercice
L’exercice physique s’est démontré très efficace à la fois dans la prévention des maladies neurodégénératives12 ainsi que dans l’amélioration de la qualité de la vie des personnes qui en souffrent déjà13. Mais ce qui est le plus intéressant à ce stade de la recherche est que l’exercice peut probablement encourager la régénération des neurones14. En effet, un nombre croissant d’études ont démontré que l’exercice peut améliorer la fonction cognitive chez les personnes ayant des maladies neurodégénératives.15 Une étude entreprise sur deux ans à démontré que les patients qui ont entrepris deux sessions d’exercice de résistance par semaine ont eu une amélioration statistiquement et cliniquement significative sur les symptômes de la maladie de Parkinson’s.16
Il va de soi que chez les individus atteints, l’exercice doit être adapté à la capacité physique ainsi qu’à la capacité cognitive. Mais les études récentes confirment hors de tout doute que la tendance actuelle d’encadrer et d’isoler les personnes atteintes de ces maladies va à l’encontre du besoin accru d’activité physique. Ce lien entre l’exercice physique et ces maladies neurodégénératives me rappelle le dicton de la Méthode Nadeau® « grouille ou tu rouilles »17
Conclusion
Je ne peux m’empêcher de questionner notre approche médicale conventionnelle qui ne semble prendre aucun de ces facteurs mentionnés précédemment en considération. Et, lorsqu’ils le font, l’enthousiasme semble être pratiquement non existant. Pourtant, il est possible de prévenir les maladies neurodégénératives et il est possible d’en ralentir le développement lorsqu’elles sont présentes. Ces mêmes facteurs qui réduisent les risques de cancers ou de maladies cardiovasculaires ont aussi un effet au niveau des maladies neurodégénératives. Pourquoi ne pas adopter ce type de mode de vie et mettre toutes les chances de notre côté ? C’est notre - votre - choix.
Références
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