Arthrite: Approche Naturelle
(Vitalité Québec, juin 2000)
Mis à part les maladies cardiovasculaires, l’arthrite est probablement la maladie qui affecte le plus grand nombre de personnes ayant atteint l’âge d’or. Dans cet article, concentrons-nous sur un type particulier d’arthrite, l’ostéoarthrite, puisque c’est, et de loin, la forme la plus prévalente, avec un peu plus de deux millions de Québécois qui en souffrent. (27 millions aux États-Unis)
Toute activité articulaire cause une friction qui conduit inévitablement à une certaine dégénérescence de l’articulation. Autrement dit, chaque fois que j’utilise une articulation, il y a usure de tissus articulaires, c’est normal. Par contre, pour pallier à cette situation, le corps a normalement la capacité de produire de nouveaux tissus articulaires afin de compenser cette usure. Dans l’ostéoarthrite, cependant, la production de cartilage est insuffisante pour compenser l’usure. Par conséquent, il y a érosion et dégénérescence de l’articulation, ce qui conduit graduellement à une perte de la mobilité, à de l’inflammation avec douleur et à une perte de la fonction. Toutes les articulations peuvent être affectées, mais c’est surtout le cas de celles qui sont plus actives, soit : les genoux, les hanches et les doigts.
L’approche médicale conventionnelle suggère, soit de réduire la douleur par l’utilisation de remèdes analgésiques, soit de faire diminuer l’inflammation par l’utilisation de remèdes anti-inflammatoires, soit encore de remplacer l’articulation endommagée1. Le problème, avec ces approches, quoique les deux premières puissent être très utiles dans les phases aiguës, c’est qu’elles ne règlent pas la cause du problème et que, même si l’on remplace une articulation usée, l’arthrite peut s’installer ailleurs.
L’approche naturopathique est différente. Elle part du principe que le corps doit avoir les éléments nutritifs nécessaires pour assurer une réparation adéquate des tissus. Cela exige un apport accru des éléments nutritifs dont le corps a besoin pour maintenir l’intégrité des articulations, ainsi que l’élimination d’aliments ou de substances qui peuvent nuire à l’absorption ou à l’utilisation de ces éléments. Ces derniers doivent provenir avant tout d’une alimentation saine et équilibrée. Par contre, dans bien des cas, certains suppléments alimentaires aideront à obtenir des résultats plus rapides.
Parmi les éléments nutritifs qui peuvent être efficaces pour favoriser la réparation chez les personnes souffrant d’ostéoarthrite, nous trouvons le complexe de vitamine B2, la vitamine C3 et la vitamine E4. Au nombre des plantes qui se sont démontrées utiles dans les cas d’ostéoarthrite, nous avons l’herpagophytum, communément appelée griffe du diable5, et le yucca6.
Il est important de souligner ici le rôle du MSM (méthylsulfonylméthane) dans le traitement des douleurs arthritiques aussi bien que fibromyalgiques. Cette substance, que l’on trouve naturellement dans des aliments ainsi que dans le corps humain, bénéficie de multiples études qui démontrent à la fois son recours sécuritaire et son efficacité.12
Parmi les substances les plus prometteuses dans l’amélioration de la situation des personnes atteintes d’ostéoarthrite, nous trouvons les glucosamines. Pour ce qui est de la biochimie des articulations, nous savons que les glycoaminoglycanes (GAG) et les glycoprotéines (GP) jouent un rôle de premier plan dans l’intégrité des articulations. Or, la glucosamine N-acétyl (NAG) est la plus importante dans la synthèse de ces GAG et GP7. Une autre glucosamine, le sulfate de glucosamine (GLS), s’est montrée plus efficace que l’ibuprofen dans le traitement de l’ostéoarthrite8 9 10. Ce qui est particulièrement intéressant quant à l’utilisation conjointe de ces deux glucosamines, c’est que la réduction de la douleur est due, en grande partie, à la réparation des articulations. En effet, plutôt que de n’offrir qu’un soulagement, l’utilisation de glucosamine entraîne la réparation des tissus endommagés. Malheureusement, l’un des problèmes associés à l’utilisation de ces deux substances naturelles, c’est qu’elles n’ont un effet qu’après une utilisation de six à huit semaines. Mais une plante peut s’avérer très utile lorsqu’elle est utilisée en même temps que les deux glucosamines: le curcuma longa ou turmeric. Des études cliniques ont démontré que l’agent actif du curcuma pouvait réduire l’inflammation quatre fois plus efficacement qu’un anti-inflammatoire connu, le phenylbutazone11. Pour que le curcuma soit efficace, il devrait être normalisé ou standardisé afin de fournir au moins 90% des agents actifs, les curcuminoïdes. L’utilisation conjointe de glucosamines N-acétyl sulfate et curcuma est une autre voie naturelle, efficace et sécuritaire, par laquelle il est possible de réduire la douleur et d’amener la réparation des articulations chez les personnes souffrant d’ostéoarthrite.
En terminant, ajoutons qu’il ne faut pas minimiser l’importance d’augmenter sa consommation de légumes, de grains entiers, de noix et de légumineuses, et de réduire autant que possible sa consommation d’alcool, de sucres, de boissons gazeuses, de viandes rouges et de caféine.
RÉFÉRENCES
1 Berkow, Robert, The Merck Manual of Diagnosis and Therapy, Merck & Co., 1987.
2 Annand, J.C., Osteoarthritis and Pantothenic Acid, Coll. Gen. Pract. 5:136-137, 1962.
3 Bland, J.H. et Cooper, S.M., «Osteoarthritis: A Review of the Cell Biology Involved and Evidence for Reversibility», Semin. Arthritis. Rheum. 14(2):106-33, 1984.
4 Blankenhorn, G. «Clinical Effectiveness of Spondyvit (vitamin E) in Activated Arthroses. A Multicenter Placebo-controlled Double-blind Study», Z. Orthop. 124(3): 340-43, 1986.
5 Brady, L.R., Tyler, V.E. et Roberts, J.E., Pharmacognosy, Lea & Febiger, 1981.
6Bingham, R., Bellew, B.A. et Bellew, J.G., «Yucca Plant Saponin in the Management of Arthritis», J. Applied. Nutr. 27:45-50, 1975.
7 Granner, D.K. et al., Précis de biochimie Harper, Presses de l’Université Laval, 1989.
8 Pujalte, J.M., Llavore, E.P. et Ylescupidez, F.R., «Double-blind Clinical Evaluation of Oral Glucosamine Sulphate in the Basic Treatment of Osteoarthrosis», Curr. Med. Res. Opin. 7:110-114, 1980.
9 Rovati, L.C., «Clinical Research in Osteoarthritis: Design and Results of Short-term and Long-term Trials with Disease-modifying Drugs», Int. J. Tissue React, Switzerland, 14:243-251, 1992.
10 Vaz, A.L., «Double-blind Clinical Evaluation of the Relative Efficacy of Ibuprofen and Glucosamine Sulphate in the Management of Osteoarthrosis of the Knee in out-patients», Curr. Med. Res. Opin. 8:145-149, 1982.
11 Satoskar, R.R., Shah, S.J. et Shenoy, S.G., «Evaluation of Anti-Inflammatory Property of Curcumin in Patients with Postoperative Inflammation», Int. J. Clin. Pharmacol. Ther. Toxicol. 24:651-4, 1986."
12 Jacob, S. Lawrence, R. et Zucker, M., The miracle of MSM, G.P. Putnam’s Press, 1999.